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The Smile Sessions

16 mars 2020

Le confinement - Jour 1- Jour 2- Jour 3- Jour 4

Jour 1

 

Lundi. Enfin je ne sais même plus si c’était le jour 1.

Bref, il ne se passe pas grand-chose. Encore.

Enfin les gens sont encore dehors quoi. Tout le monde sait qu’on va être en détention. En confinement pardon. Je ne comprends pas bien encore ce qui se passe. 

Les gens commencent à freak out et achètent je ne sais pas quoi. Des télés pour voir Mama ce soir. Des pâtes lustucru. Des glaces à la pistache.

« Si je me fais gauler avec mes glaces, je vais me prendre une amende. Mais j’aime prendre des risques ». Napoléon, trois jours plus tard.

(*Napoléon est ma copine, elle préfère garder son anonymat).

 

Jour 2

 

Ça y est Mama a parlé, on a tous écouté et on est comme des cons.

On est tous comme des cons. C’est surtout ça qui a changé.

On est tous ensemble comme des cons.

Tout va changer maintenant.

Les médecins avaient parlé et maintenant on doit tout changer.

 

Jsuis monté sur mon scooter j’ai accéléré jusqu’à chez moi, pris deux sacs, est reparti jusqu’à Sèvres, fait une accolade à ma mère et je suis reparti chez Napoléon.

Il était midi.

 

 Ça y est, plus rien. Les gens ont suivi les règles.

Merde, on aurait dû commencer plus tôt. Beaucoup plus tôt.

 

C’est beau la ville quand il n’y a personne. 
Le périph vide, ça fout quand même un peu les jetons.

On s’est tous rentrés dans nos habitats de fortune comme des rats de labos ou des oiseaux obéissants. Tous dans nos trous.

Ça va faire du bien à un paquet de gens. Même les médecins le disent que c’est plus agréable. L’air est meilleur, le stress retombe, les bourgeons vont repousser. C’est une bonne chose. Nous allons devenir de meilleurs êtres humains.

 

Ouais enfin ça, c’est à la radio. Et c’est seulement le deuxième jour.

 

Pour l’instant je suis sur mon scooter, y a plus personne dehors. Et ça fout sacrément les jetons. Oui on va s’en sortir, oui oui il ne faut pas sortir, on a des solutions, chacun va donner son avis individuel, ses solutions. Comme d’hab.

 

Moi, je commence vaguement à comprendre qu’on va tous devenir dingo.

Je rentre chez Napoléon mater Hook et Willow.

 

Jour 3

 

Mercredi. Le jour de l’école. 

Je suis allé courir, les rues étaient toujours vides. 

Les médecins travaillent toujours pour nous sauver, les chauffeurs, agriculteurs, éboueurs, électriciens, toutes les personnes vraiment utiles à la survie de la cité, travaillent toujours pour nous sauver.

Tous les autres regardent sous le soleil.

 

Jour 4

 

Il y a beaucoup de gens dehors. Enfin faut pas exagérer c’est pas l’émeute non plus. Il y a une famille assez sympa deux fils une grande sœur et un père qui sortent chaque après-midi une table de ping-pong aménagée avec deux tréteaux et qui jouent pendant une heure dans la cour.

 

C’est le seul espace commun qui leur a été donné pendant cette période de quarantaine.

 

À une quinzaine de mètres une autre famille un garçon un père une mère jouent au football triangulaire. Le père est aux cages et le fils et la mère se défoulent sur lui en lui envoyant les plus gros boulets de canon qu’ils peuvent. Un jeune en face de nous, cheveux longs, piercing et t-shirt des Doors, joue en solo sur sa toute dernière guitare Stratocaster. La fin du monde est plutôt sympa.

 

Napoléon vient de finir sa lessive. Elle me regarde bizarrement.  Elle va sûrement me pousser du sixième étage avant la fin du confinement. L’amour au temps du coronavirus.  Napoléon repart.

 

C’est marrant il est 18h et on entend du brouhaha dehors comme une musique de fête. Ou c’est juste dans ma tête.

 

-       Alors comment ça se passe à l’extérieur ?

-       Bah pas grand-chose. Y a pas grand monde à Auchan.  J’ai acheté des gâteaux, des glaces, du gruyère, du p.q., et des bougies si y a plus d’électricité. Enfin même sans crise, j’ai besoin de bougies pour prier. 

-       Ok.

-       Bah y a personne quoi. Y avait des gens qui fumaient sur le pas de leurs portes. Comme dans les westerns. Mais tu écris tout ce que je dis. T’es vraiment un timbré. Ou tu n’as vraiment aucune personnalité. Heureusement que je suis là.

 

Tout va bien. Encore.

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